L'ère missionnaire pallottine 1890-1915 :
La création de la première école catholique à Marienberg
Lorsque les Pères pallottins arrivent à Douala dans la nuit du 24 au 25 Octobre 1890, ils sont accueillis par une malveillance qui ne cherche pas à se dissimuler. Cette malveillance se manifeste à tous les niveaux. Le gouverneur allemand Von PUTTKAMER ne veut pas voir les Pallottins s’installer à Douala qu’il considère comme zone confessionnelle protestante. Les missionnaires protestants de la Mission de Bâles, d’obédience suisse-allemande ne souffrent pas de voir leurs homologues catholiques prendre pied dans cette ville où ils exerçaient jusqu'alors sans partage.
Pour empêcher tout contact entre les missionnaires catholiques et les indigènes, les Pasteurs protestants font savoir aux autochtones que les nouveaux venus qui s’habillent comme des femmes — parce qu'ils portent des soutanes semblables aux robes des femmes — diminuent la fécondité chez tous ceux qui les approchent. Il n’en fallait pas plus pour que les indigènes évitent les nouveaux missionnaires comme la peste. C’est alors que grâce au concours moral et matériel du célèbre commerçant Edouard WOERMANN basé à Douala, les missionnaires catholiques décident de se rendre à Edéa pour commencer leur apostolat.
Père Heinrich Vieter et les Pères Pallotins
Des difficultés de voyage et l’hostilité des populations d’Edéa manipulées par les Protestants vont amener les Pères à s’établir sur un petit site de colline que va leur accorder le Chef TOKO NGANGO d’Elok NGANGO. C’est ce petit site de colline qui prendra le nom de Marienberg, c’est-à-dire ,colline de Marie. Le 8 décembre 1890, cette première mission du Cameroun est consacrée à Marie Reine des Apôtres. Du coup, toute l’Eglise du Christ qui venait de naître au Cameroun fut placée sous la protection et le patronage de la Sainte Vierge Marie. Les missionnaires pallotins se montrèrent très tôt soucieux de l'éducation des jeunes et pour cause. C’est la jeunesse qui allait fonder l’Eglise de demain. Ces jeunes devaient constituer le ferment de l’évangélisation du pays. Or qui dit évangélisation, dit progrès et évolution des peuples.
La jeunesse chrétienne camerounaise, de l’avis des Pallottins était donc l’espoir sur lequel reposait le progrès de notre pays. C’est ainsi que dès l’année 1891, les missionnaires mirent en place à Marienberg une première école. Mais les parents n'étaient pas disposés à laisser leurs enfants aller acquérir l’instruction au sein de cette nouvelle institution, car si à la côte, il était reproché aux missionnaires de menacer la fécondité des autochtones, à Marienberg, les populations s’inquiétaient du fait que les Pères et les Frères ne voulaient pas se marier ou tout au moins vivre avec des femmes.
Dès lors, on se posait la question de savoir si les missionnaires n’allaient pas inculquer ces habitudes aux jeunes élèves appelés à suivre leur formation à l’école de la mission. Le Père VIETER, Préfet Apostolique et Chef de la délégation de cette première équipe de missionnaires eut de nombreux entretiens avec le Chef TOKO NGANGO, qui à la fin accepta de confier deux de ses propres enfants aux missionnaires. André et Jacques devinrent ainsi les premiers élèves de la première école catholique du Cameroun. L'exemple ayant été donné par le chef lui-même, les autres parents consentirent à laisser leurs enfants venir à l’école. C’est ainsi qu’en octobre 1891, l’école de Marienberg enregistra quarante inscriptions d’élèves venant aussi bien des environs que des contrées assez éloignées de la mission.
Prince Andreas Toko 1893
A cette petite équipe d’enseignants se joindra quelque temps après André MBANGUE qui fut non seulement le premier catholique Camerounais, mais aussi le premier moniteur et le premier catéchiste indigène du Cameroun.
Sources : - Jean Paul Messina L'Enseignement Catholique au Cameroun 1890-1990
- school-stories : www.educatii.com