Lors des campagnes électorales françaises, il est commun d'entendre les hommes politiques déplorer les effectifs pléthoriques de 25 dans les salles de Classe en hexagone . Pendant ce temps , au Cameroun , au Nigéria ou en Côte d'ivoire , 25 par classe est un chiffre dont seules les écoles privées les plus chères peuvent se vanter et inimaginable dans le secteur public.
Au Cameroun , lorsqu'on fait le tour des établissements scolaires publics , 60 élèves par classe est généralement le minimum au primaire et 70 au secondaire . Il n'est pas rare de trouver 100 , voir 120 enfants serrés dans une classe de 6ème de lycée . Dans ces cas , les bancs sont littéralement collés les uns aux autres, ne laissant pas un centimètre à l'enseignant pour circuler .
Les établissements privés sont à peine mieux avec des effectifs moyens supérieurs à 50 au primaire et 60 au secondaire .
Sachant que la surface recommandée par salle est de 63 m2 (7m x 9m) , chaque enfant dispose donc parfois de moins d'un mètre carré sept heures par jour . On est pas loin du poulailler .
D'autre part , une infime minorité de parents est en mesure de débourser plus de 300.000 francs CFA , souvent plusieurs millions par enfant par an dans des écoles dites internationales . Là, leurs rejetons se retrouvent dans des groupes de 20 à 25 . Des chiffres que les politiciens français jugent justement exorbitants . L'une des premières mesures en matière d'éducation du président Macron en 2017 fût de réduire à 12 apprenants certaines classes de CP . Était-ce réellement nécessaire ? Vivons-nous sur la même planète ?
Si on faisait le tour de la planète .
Il est difficile d'obtenir des statistiques détaillées du secteur éducatif dans bon nombre de pays africains . On est contraint d'observer divers exemples et se fier aux témoignages pour se faire une idée . Les pays développés en abondent .
Selon une étude annuellement actualisée de l'OCDE**1( Organisation de coopération et développement économique) , le nombre moyen d'élèves par classe est de 17 en Belgique , 21 en Italie , 25 en France , en Hollande ,AU royaume uni et au Canada , 27 aux états-unis , 31 au Japon , 32 et 36 en Corée du sud et à Singapour respectivement . Oui , Singapour a un effectif moyen de 36 élèves par classe !
Ce chiffre est étonnant vue la l'excellente réputation du système éducatif de la cité-état. Parents et instituteurs férus de pédagogie ont mainte fois entendu parler de la méthode de Singapour , révolutionnaire pour l'apprentissage des mathématiques .
Tous les trois ans depuis 2000 , l'OCDE organise le test PISA**2 (Program for international student assessment ) , une évaluation d'élèves de 15 ans en mathématiques , sciences et lecture . 79 pays ont pris part au dernier test dont les résultats ont été publiés en Décembre 2019 .
Hormis la Chine qui n'évalue que ses quatre régions les plus performantes , Singapour arrive en tête du classement des pays . Le japon et la Corée du Sud occupent la 7ème et la 8ème place .La France se classe à peine 26ème . S'il est trop tôt pour dire si la formule de 12 en CP du président Macron portera des fruits , on relève tout de même que plusieurs pays ayant des effectifs moyens supérieurs à 30 sont au top 10 . NB: l'effectif moyen par classe en chine est de 38 .
Donc , si la taille d'une classe a une importance indéniable , elle n'est pas le seul facteur d'influence sur l'efficacité d'un système éducatif . Nombre de spécialistes en la matière s'accorde pour dire qu'en dessous de 40 par classe , le nombre d'élèves devient d'une importance marginale dans le rendement .Le niveau de compétence et le degré de rémunération des enseignants deviennent prépondérants .
Ainsi , si au delà de 40 le problème se pose , face à 50 , 60 ou 100 enfants l'éducateur n'a plus le contrôle de sa classe . Il consacre une très grande partie du temps d'enseignement à instaurer la discipline . Il lui est difficile d'accorder à chaque enfant l'attention requise . La correction des évaluations est une gageure . Si en plus le salaire perçu ne suffit pas à vivre décemment et qu'il est contraint à chercher des revenus complémentaires , les hommes politiques et les parents auront beaucoup de choses à déplorer .